jeudi 26 avril 2012


























C'est un grand vent déraisonnable qui chiffonne la mer

on ne voit rien de ce qui nous a mené ici
On cherche les passagers et les vrais raisons du voyage.

Et puis on ne voit pas les singes ni la proue de Gibraltar
Les oiseaux ont déserté le ciel.

On ne sait plus vers quel continent on ne veut plus aller.
N'est qu'un mur blanc et la prison qu'on devine.                                                                     
                                                                        MD

mercredi 25 avril 2012

Gérard Pierron chante Louis Brauquier
Dans l'Escale des Trépassés, Gérard Pierron chante le poète Marseillais Louis Brauquier

"... Je n'ose pas me rappeler,
pourquoi ce couchant sans histoire
S'arrête-t-il dans ma mémoire
Comme une tartane échouée?

Le soir du jour où les Caraques
Font leur fête au bord de la mer,
Le train bondé de rires clairs
Tourna un peu avant l'Estaque,

Et Marseille était dans le fond.
Sur la côte crépusculaire,
On voyait saigner les lumières
Des villas assises en rond.

Une vapeur de nuit marine,
Vers l'Afrique, via Gibraltar,
Traîna dans les filets du soir
La mer, les caps et les collines."

Louis Brauquier, Le bar de l'Escale




jeudi 19 avril 2012

Un jour à Tanger (6)
Quel est donc ce sentiment que tout s'en va ? 
Lignes de fuite pour la lenteur ou la vitesse 
Le bleu trompé
Pour quelle abîme
ou le délitement de la peur




mercredi 18 avril 2012

Un jour à Tanger (5)

Elle n'a pas voulu me dire son nom. Chaque matin , elle est assise sur un muret qui surplombe la ville , son sac de voyage près d'elle .Je lui dis qu'elle est très belle avec sa casquette. Alors, elle me donne , pour la photo, son plus beau visage . Je la remercie et lui montre l'image. La journée est lumineuse . Le lendemain , au même endroit , elle ne sait plus qui je suis . Elle souffre. Toute la lumière de son visage  s'en est allée. Le gardien du parking me dit de la laisser , qu'elle est folle , qu'elle se drogue,  que ça ne sert à rien de lui parler.
" Et puis fais ce que tu veux !"

mardi 17 avril 2012

Un jour à Tanger (4)

En photographie se pose toujours la question de la netteté.Où faire le point ?
 Les choses se décident très vite. Normalement je devrais faire la netteté sur ces deux femmes en arrière plan et je décide de faire l'inverse , les diluant ainsi dans le flou.
En photographie , on ne sait pas toujours pourquoi on fait les choses . On le sait après. Qui va faire vivre l'image ? Ici c'est vers les femmes que se dirige le regard... dans la profondeur , même floue , parce que floue peut-être.
Et peut-être pas seulement en photographie.
                                 MD

lundi 16 avril 2012

Un jour à Tanger (3): quelque part près du port, bien loin du Sénégal...

dimanche 15 avril 2012

Un jour à Tanger (2)





 La lassitude , le découragement , une tristesse que le vent porte parfois jusque dans les profondeurs de la médina.
La mélancolie...?  Dans ce cas , on entendrait un chant , celui d'Oum Kalsoum ou Marcel Khalifa , ou peut-être un air andalous. Non, il y a juste un grand silence dans le regard de cet homme .
Une douleur sans nom et silencieuse. Je n'avais pas de mots pour lui parler. J'ai pensé au "Jour de silence à Tanger " de Tahar Ben Jelloun.

samedi 14 avril 2012

Un jour à Tanger (1)                                                      

Boucar et Abou sont cousins , "mais comme des frères". Ils arrivent de Gao au Mali. Ils sont là depuis cinq jours. Les journées se passent ici au-dessus du port à attendre . On parle un peu de ça , de Gao , des sbires de Khadafi qui sèment la panique dans le Nord-Mali , de Tan Tan dans le Sud -Marocain... Nos regards vont au Détroit.
"Toi, si tu veux tu passes de l'autre côté, moi je fais comment ? Je bats des ailes ? "
La côte espagnole, qu'on aperçoit derrière les vieux bâtiments décrépis du port, nous nargue. Abou se fait rire lui-même . Je sens Boucar un peu découragé. C'est une nouvelle journée d'errance  qui démarre...

mercredi 11 avril 2012

Journal de Tanger (5)
























Matisse hante encore les ruelles de la Kasbah , délicatesse marocaine qui se perpétue, mais cela ressemble à un décor. Et Tanger a l'air de s'absenter .

mardi 10 avril 2012

Journal de Tanger (4)
Je pense à Philippe Longchamp et son conducteur de locomotive au Caire. La tension du cou , le regard sombre, le corps penché au dehors, attentif. L'homme s'appelle Abdallah , il conduit un minuscule café dans la médina de Tanger...

lundi 9 avril 2012

Journal de Tanger (3)

 Que sont-ils en train de se promettre sur la falaise qui domine le Détroit?
 Pensent-ils au mirage de l'Europe qui barre l'horizon ou sont-ils tout entier absorbés par le bonheur de cet instant partagé?

Juste avant ce cliché, ils chahutaient puis ils sont allés s'asseoir face à la mer mais ce n'était plus pareil ... la magie s'en était allée .
                                                       MD

                                           

dimanche 8 avril 2012

Journal de Tanger (2)


























Je suis au bas de cette ruelle, occupé avec le crépi chargé du mur et ce bleu gris étrange. Tout en haut , j'aperçois ces deux petites filles habillées de manière identique comme on le fait parfois pour des jumelles. Elles jouent sur les marches et tout à coup , elles me voient et viennent vers moi en dévalant la pente . Je conserve le cadre et fais une série d'images de cette joyeuse descente. A ma grande surprise , elles se  blottissent contre moi et on remonte la rue ainsi jusqu'à leur mère qui fait la vaisselle à une fontaine . Je lui montre les images sur l'écran. Les filles rient . Il y a beaucoup de joie. C'est dimanche . Comme souvent au Maroc , on met aux enfants leurs plus beaux habits. Je pense à mon enfance et à mes habits du dimanche et cette pénible impression d'être déguisé...

samedi 7 avril 2012

Journal de Tanger (1)


Quand il était jeune, Khalid vivait à Meknes . C'était dans une autre vie.
Plus tard, il a joué au rugby avec l'équipe du Maroc , il y a bien longtemps . Il me parle d'un voyage à Narbonne au pays des Spanghero, Walter , Claude et le troisième dont on ne sait plus le nom ...Maintenant, il est assis au bord d'un terrain vague, échoué à Tanger.
Je lui dis que je reviendrai demain, lui donne le Dirham pour manger ...Mais demain, il dit qu'il ne sait pas où il sera.