samedi 14 décembre 2013

Jean Paul Goux
Jean Paul Goux , dans le jardin de Julien Gracq à St Florent, le 11 décembre 2013

























"Les vraies révélations, peut-être ne nous révèlent-elles rien sur le moment, peut-être ne deviennent-elles bouleversantes qu'après coup, lorsqu'on découvre qu'elles sont inépuisables à mesure qu'on apprécie la puissance de leurs effets"
                                  Extrait de L'embardée paru en 2005 aux éditions Actes-Sud

Jean Paul Goux est né en 1948. Il est l'auteur de nombreux romans dont la trilogie Les quartiers d'hiver aux éditions Actes_Sud ( L'embardée en 2005, Les hautes falaises en 2009 et Le séjour à Chenecé en 2012. Il est également l'auteur de plusieurs essais sur Julien Gracq.

vendredi 13 décembre 2013

Erwann Rougé
Erwann Rougé vient de publier  Passerelle Carnet de mer aux éditions L'Amourier



























Mer houleuse. Tangage et roulis modérés. Ciel nuageux.

Lire un livre débute toujours par un vertige.

Lire écrire, c'est habiter les contraires, vivre une traque, aux aguets, mais sans rien attendre. Opiniâtrement, marcher au plus près, au plus juste de la blancheur du papier qui se recouvre de signes. Vivre une avidité, une obstination, une soif... Presque une rage primitive de s'approprier, jamais assouvie. On va par-delà l'envol d'oiseau sur le marais, même sans comprendre clairement, dans l'énergie d'une palpitation, un vieux rêve d'apesanteur. On espère voir venir les mots, comment les mots viennent voir, parlent, remuent, retournent la terre meuble, d'une présence animale, d'une odeur qui la nourrit et libère. Lire avant que le silence ou le blanc ne retombe ou se dire "pourquoi font-ils tout ce bruit". Seulement cela.

Extrait de  Passerelle, carnet de mer ( p.19) paru en novembre 2013 aux éditions L'Amourier




dimanche 8 décembre 2013

Ils ou elles sont deux
5ème avenue NY


























5ème avenue de New-York, près d'une station d'autobus. Ils n'étaient pas d'accord sur leur destination ni sur le numéro de la ligne... Pourtant, ils ont l'air de voyager ensemble depuis longtemps. Leur nervosité est touchante. il y a beaucoup de prévenance entre eux même si tout parait fragile. Lui, me fait penser à Woody Allen, je ne sais pas pourquoi. J'écoute un peu leur conversation , ne comprends pas tout , assez cependant pour avoir envie de prendre l'autobus avec eux.

vendredi 6 décembre 2013

Ils ou elles sont deux
NY  Chinatown



























Est ce à cause de ce balancement de petite fille  que je m'arrête ainsi entre deux platanes ? A cause de ce même balancement que je les imagine mère et fille ? C'est cela qui déclenche la photo, ce mouvement enfantin que font les filles parfois sur les bancs, cette innocence. La mère est grave malgré la fantaisie du chapeau... écoute-t-elle la petite chanson de son enfant ? et son envie de voler ? De ma fenêtre d'arbres, je  regarde vieillir le temps, je souris au vieil enfant qui chantonne aussi en moi.

jeudi 5 décembre 2013

Ils ou elles sont deux
Connecticut Road, Washington



























Le rêve américain , Connecticut Road...
Qu'on croit comprendre qu'un plus un ne fait peut-être pas deux. Elle , dans sa grande lassitude, se repose sur lui qui  semble déjà parti. Pourtant une grande tendresse se dégage d'eux. C'est ce que racontent leurs mains. Quand le feu passe au rouge , on se croise mais on n'échange aucun regard. Ils se sont déjà confiés et l'heure des confidences est passée.
Nous retournons à nos statuts d'étrangers.

dimanche 1 décembre 2013

Ils ou elles sont deux
Washington , Farrigut square 2013.




























Que sont-ils venus me raconter?  Avec quel alphabet écrivent-ils ces étranges messages? Je fais une dizaine d'images avec des figures différentes. Les passants regardent d'un air mi-amusé, mi-admiratif. Mais ces deux-là ne sont pas tout à fait ici. Chaque plan est une lettre , une phrase, une histoire ; ça ressemble à du sport et c'est aussi du théâtre, de la littérature et de la musique. Je me suis assis sur un banc, j'ai posé mon appareil . Je crois qu'il n'y avait pas de musique pour les accompagner mais le silence n'était pas du silence.

jeudi 28 novembre 2013

Ils ou elles sont deux
NY Central Park


























C'est une fin d'après-midi dans Central Park, quand le jour fatigue et qu'un air d'Orient entre les arbres guide mes pas vers le sommet de la colline. L'air est léger, le mouvement des jupes complices et les mains comme des oiseaux racontent des histoires anciennes à demi effacées. Je reste ainsi un moment dans cette lenteur , je me dis que peut-être nous pouvons jouer la même partition, partager ces instants de grâce, rester flottants.

mercredi 27 novembre 2013

19th Street , Washington



























Ils ou elles sont deux . Ils ou elles vivent à New York ou Washington.  Ils ou elles sont deux, dans la douceur du printemps nouveau de l'an 2013. Ils ou elles racontent des histoires singulières, des instants à deux, au détour des rues où je cherchais ma vie.
Dupont Circle, Washington

dimanche 10 novembre 2013

Jean Louis Bergère
Jean Louis Bergère au TNT  à  Nantes le 9 novembre 2013
                                         A l'envers le monde

J'ai perdu le fil                                                             j'ai perdu le fil
et mon araignée                                                           le fil coloré
dans la toile vide                                                          un cerveau de laine
au fond du panier                                                        tout détricoté
mon panier de crabes                                                  mes joies et mes peines
et de crustacés                                                            et les jours passés
à l'envers le monde                                                      à l'envers le monde
tout est mélangé                                                          tout est dispersé


J'ai perdu le fil                                                             J'ai perdu le fil
d'Ariane coupé                                                            et sur le côté 
est ce encore solide                                                     c'est presque tranquille
si je pose les pieds                                                       parfois agité
du sable liquide                                                            mais c'est la nuit d'hier
entre les pavés                                                             non tu n'es pas passé
à'envers le monde                                                        à l'envers le monde
le ciel est troué                                                             sans avoir été


                                   
                    Extrait de l'album  Demain de nuits de jours  paru en décembre 2012

http://youtu.be/7E4--qmgWEE
                                      

mercredi 6 novembre 2013

Lucien Suel
Lucien Suel en lecture à  La Toute Petite Librairie de Clisson le 30 octobre 2013



























Je suis Buck John sur un cheval blanc                        Je suis Robinson Crusoé faisant cuire
au galop en courtes culottes dans les                          mes patates dans un feu de fanes oeil                
cendres de l'allée me donnant sur les                          aux aguets au sommet d'un vieux saule
fesses des tapes retentissantes coups                          Surveillant   l'océan de poireaux l'eau 
de feu claquant comme ma langue kchh.                    douce coule doux sur la nuit du jour


Je suis  Michel Strogoff  sur le chemin                      Je suis Croc-Blanc mastiquant un bout
d'Irkoutsk au fond du jardin derrière                        de viande gelée de carotte zigzaguant
les troènes houspillant l'attelage de                           dans les choux amas de neige grondant 
ma troïka tâtonnant les yeux fermés à                       sur les framboisiers pleins de sang à
travers les parcs de légumes ô maman                      quatre pattes grr grr lune du pylône.


                                            Je suis Winnetou la tête encerclée de
                                            liserons rampant silencieusement dans
                                            les graminées lançant le tomahawk sur
                                            les betteraves sous le tipi des draps
                                            secs fumant le calumet de sureau ugh.


                                                  Extrait de Canal Mémoire  paru en 2004 aux éditions Marais du Livre


Lucien Suel est né en 1948 à Guarbecque dans les Flandres Artésiennes.Il a édité la revue The Starscrewer, consacrée à la poésie de la Beat Generation, puis Moue de veau, magazine Dada-Punk. Il anime la Station Underground d' Emerveillemment Littéraire ( SUEL) et pratique volontiers la lecture performance.
Il est l'auteur de plusieurs romans aux éditions de La Table Ronde: Mort d'un jardinier en 2008, La patience de Mauricette en 2009 et Blanche étincelle en 2012. Il a publié aussi  de nombreux ouvrages de Poésie notamment aux éditions Dernier Télégramme: Patismit , Poussière ( avec Josiane Suel) ou encore Nous ne sommes pas morts en 2008.

dimanche 3 novembre 2013

Joël Bastard
 J.B. à Villevêque, en résidence d'écriture, le 25 octobre 2013



























" Nous transportons le monde d'un endroit l'autre. Le souffle. La matière imagée. Le dôme des paroles respirables. C'est le paysage que nous rendons chaque jour à la vie. La somme naturelle. Nous transportons le monde. D'un endroit l'autre seulement le poids de notre corps.

                                                          Extrait de Au dire des pas paru aux éditions de l'Idée bleue en 2004

vendredi 1 novembre 2013

Thierry Froger
Clisson,  le 30 octobre 2013



























"revenu du soir 
où s'attendent l'enfant
et le monstre
dans le noir
attendu qu'ils doivent ressembler 
l'un à l'autre en la main qui les serre
dans l'histoire
grêlée doucement
comme une ressemblance débile
en fin de règne
ils s'emploient à ruiner
l'ombre
la lumière est partie avec
la silhouette tremblante des parents
sur la tapisserie jaune"

  Extrait de du recueil Retards légendaires de la photographie

  paru aux éditions Flammarion en 2013.

Thierry Froger est né en 1973. Il vit dans la région nantaise.  Auteur et plasticien formé à l' Ecole des Beaux-Arts de Nantes, il mène depuis la fin des années 90 , un travail d'installations et de projections dans lequel il questionne la source lumineuse , le corps des images avec de nombreuses références cinématographiques. Il vient de publier son premier recueil de poésie, Retards légendaires de la photographie chez Flammarion.

Cécile Guivarch
Nantes, le 26 octobre 2013





"J'arrange des fleurs dans un bouquet
vous dites les nôtres sont fanées


vous êtes là vous riez
je ne vous vois pas
ni vos bras ni vos pieds
ni vos yeux ni vos noms


vous riez dans mon dos 
vos sables partis au vent"


Extrait de Vous êtes mes aïeux paru en octobre 2013 aux éditions Henry
















Cécile Guivarch est née en 1976 près de Rouen, d'une mère galicienne et d'un père breton. Elle vit aujourd'hui à Nantes et anime le site de poésie Terre à ciel. Elle est l'auteure de plusieurs recueils de poésie, dont : Terre à ciels (en 2006) et Te visite le monde ( en 2009) aux éditions Les desserts de lune, Planches en bois ( en 2007)et La petite qu'ils disaient ( en 2011) aux éditions Contre-allées. En 2013, elle publie Un petit peu d'herbes et des bruits d'amour aux éditions L'arbre à paroles et Vous êtes mes aïeux aux éditions Henry











dimanche 20 octobre 2013

Antjie Krog
A Saumur,   le 16 octobre 2013


























Je suis debout sur un foutu rocher 
au bord de la mer à Paternoster
La mer cogne dans l'air ces guirlandes d'écume verte
Je regarde sans peur chaque bon dieu de vague
Au fond des tripes avant qu'elle ne se brise
Le rocher tremble sous mes pieds
Les muscles de mes cuisses se bandent
Mon bassin expulsent ses vieilles résignations
Et merde je suis rocher , je suis caillou, je suis dune
Mes nichons chantent un air de cuivre
Mes mains cramponnent la Baie du Meurtre et la Baie de la Gueule
Mes bras se déchirent d'extase au-dessus de ma tête:
Je suis
Je suis
Le seigneur m'entende
Une putain de femme libre

Extrait de Ni pillards ni fuyards paru aux éditions Le temps qu'il fait  ( avec une pensée particulière pour Cathie Barreau  et Albane Gellé)

 Antjie Krog est Sud-Africaine. Blanche et de langue Africaans ( celle des Afrikaners , les descendants des rebelles Boers), elle est née en 1952 au moment où se mettent en place les lois de ségrégation connues sous le nom d'Apartheid. Issue d'une famille de fermiers nationalistes , elle publiera très tôt dans le journal de son lycée un poème dédié au jour  "où  Noirs et Blancs , main dans la main / apporteront amour et paix dans mon beau pays" . Un scandale  pour sa famille et aussi un symbole pour Nelson Mandela qui apprendra par coeur ce poème  dans sa prison de Robben  Island.  Antjie Krog enseigne aujourd'hui  à l'université du Cap . Elle est l'auteure de Ni pillards ni fuyards en 2004 et Une syllabe de sang en 2013 aux éditions Le temps qu'il fait. Elle a également publié La douleur des mots chez Actes Sud en 2004 ( chronique à propos de la commission Vérité et Réconciliation). Antjie Krog est actuellement en résidence itinérante dans la région des Pays de la Loire.


samedi 21 septembre 2013

mercredi 18 septembre 2013

Valérie Linder
Saumur le 15 septembre lors du festival  Les poétiques



























 
"Ici le linge sèche haut
au-dessus de ruelles en pente la mer en enfilade
dans l'air flottent des odeurs de lessive
parmi celles des fleurs et de la cuisine
l'intime est post-ité au ciel "

Extrait de Les gestes du linge
paru en août 2013 aux éditions Esperluète

Textes: Amandine Marembert
Illustrations : Valérie Linder







Valérie Linder vit dans la région de Nantes. Elle est architecte d'intérieur et partage ses activités entre son travail personnel de plasticienne et l'enseignement des arts appliqués. Ses recherches sont liées aux mots, à l'espace, à la nature, aux corps et à l'enfance. Elle a collaboré avec de nombreux écrivains comme Valérie Rouzeau , Ariane Dreyfus ou Amandine Marembert.
 En 2012, elle publie Amouramours avec Anne Bonin aux éditions Points de suspensions et Maisons poèmes dont elle signe les textes et les images chez Grandir.
En août 2013 , elle publie avec Amandine Marembert Les gestes du linge aux éditions Esperluète.

lundi 2 septembre 2013

Madeleine Monette
Marché de la poésie de Paris , place St Sulpice , le 8 juin 2013
"Conteuse qui s'ignore, elle dit
ses jeunes parents à fond de cale
clandestins venus lui donner
 la vie et les Etats-Unis, ce droit
d'avant la quête affamée du sein,
peu à peu leurs nerfs endormis,
leurs craintes à moitié enfouies
sous les pelouses, les briquettes
de barbecues, lorsqu'ils se font
rafler, embarquer, recracher,
cailloux dans la soupe, et elle
qui s'arrache de leurs bras,
reste en porte-à-faux avec la ville
innocente sûre d'elle, terrifiée
en transit de voisines en cousins
éloignés, avec sa rigueur d'enfant
 modèle à triple cuirasse, bijoux
hérissés de pointes, bottes lacées
sur silences de crêpe, la première
de la classe marche sans escale
ni répit sur ses allumettes blanches,
ses gros pieds frustes de motard,
pourquoi elle, qu'a-t-elle fait ?"

Extrait de Ciel à outrances paru aux éditions L'Hexagone en 2013











Romancière et nouvelliste, Madeleine Monette est née à Montréal. Elle vit actuellement à New York. Elle est l'auteure de cinq romans : Le double suspect en 1980, Petites violences en 1982, Amandes et melon en 1991, La femme furieuse en 1997 et Les rouleurs en 2007. Elle vient de publier en 2013 son premier recueil de poésie, Ciel à outrance.



mercredi 28 août 2013

Laurent Grisel
Bazoches du Morvan le 7 juillet 2013






















 



"Abandonner la hâte, l'impatience
renoncer à la force, aux à-coups
se mettre dans l'axe, saisir bien; un , deux
trois-tirer, ensemble : glissant doux."

  extrait de Changeons d'espace et de temps paru sur le site Remue.net ( http://remue.net/spip.php?article658)

vendredi 23 août 2013

Yves Artufel
Bazoches du Morvan le 7 juillet 2013
"Je me souviens très bien
de ces soirs très tard
où pensant toucher l'éternité,
on se dit qu'on va fleurir enfin
et puis tout à coup
on se sent pleuvoir
et on a le regard
imbécilement profond."
 
                 Extrait de  J'aurais dû prendre des photos 
                         aux éditions Gros Textes (2012)



mercredi 21 août 2013

Jean Christophe Belleveaux

























(...) "Les mots heurtent la vitre de la conscience
telles des mouches folles 
je cherche un abri sommaire
dans la table des matières
le fin mot de l'histoire

chavirer

 quels secrets furtifs
ai-je cru débusquer
en des indes misérables
des afriques des tonkins?
quelle vérité avorte
avec le flux des graphèmes?
je bois la ciguë des questions

j'ai braconné des odeurs de bouses,
les cornes bleues des vaches, le vacarme des klaxons
ce sont cartouches que je jette au sol
dans la lumière de tout le reste

la page est un nid dévasté"

été 2008 , extrait final de machine gun  paru en 2009 aux éditions Potentille


jeudi 25 juillet 2013

Marie Louise Chapelle

Bazoches du Morvan le 7 juillet 2013


























"Les complications sont inutiles, indépendantes, sentimentales
Image sous la paupière, la lumière est nouvelle
Le mouvement entier plus hésitant 
conformément au modèle choisi (...)"
                 
                                                         Extrait de la Revue Gare Maritime 2013

Marie Louise Chapelle est née à Nevers en 1974. Elle est l'auteure de Mettre paru en 2006 au Théâtre typographique, Prononcé second chez Flammarion en 2010 et A la corde aux éditions Contrat main également en 2010.

mardi 23 juillet 2013

Dominique Quelen
Bazoches le 7 juillet 2013





"Tu regardes le bras qui suinte
Tu penses que ton bras est le bras qui suinte
Le regard de l'oeil est ici sur le suintement
L'oeil droit fixé sur le bras gauche"

Extrait de Finir ses restes paru aux éditions Rehauts en 2011

lundi 22 juillet 2013

Lili Frikh
Bazoches du Morvan le 8 juillet 2013


























BLEU
Incorrigible/ N°073

Un visage, ce n'est pas donné. Ce n'est pas là , tout de suite, tout entier. Ca peut ne pas finir, ne jamais commencer. La photo n'est pas bonne? La photo n'est pas prise. On n'arrête pas un visage. Parfois, quelqu'un essaye et retire une trace provisoire de son passage. Une trace qu'il faudrait suivre ailleurs, sans pouvoir, ni vouloir la rattraper. (...)
                                                                                 BLEU
                                                             Extrait de  ciel non compris     aux éditions Gros Textes en 2012
Jacques Roubaud
Bazoches du Morvan le 7 juillet 2013
"Il passe comme un paquebot 
Dans l'herbe tremblante de pluie
Quand les araignées essuient 
Leur toile car il fait beau

J'ai toujours aimé l'escargot
Son pas frais luisant et sans bruit 
Sa navigation dans la nuit
Le long des murs, vivant cargo

On en retrouve le sillage
Le matin, brillant au soleil
Où va l'escargot qui voyage

Dans le noir cornes en éveil ?
En haut du fenouil, en équilibre
Il médite sur les étoiles libres ."

L'escargot extrait de Les animaux de tout le monde paru chez Seghers en 1990

dimanche 21 juillet 2013

Cédric Le Penven



"Je ne comprends pas grand-chose
à ce que je suis, à ce que je dis
Je m'étonne encore souvent
que ces mains s'agitant devant moi 
soient le prolongement de cette voix intérieure
qui chuchote et chuchote encore
des paroles étranges
Nulle histoire, nul message
juste des phrases offertes
que je place au milieu d'une page vide
dont je pèse chaque mot, interroge
chaque virgule, comme s'il en allait 
de la forme d'un visage
qui me ressemblerait enfin"

Extrait  de la Revue N4728,  n°24





Cédric Le Penven est né en 1980. Il a publié deux recueils de poésie aux éditions Tarabuste: Menus tréteaux en 2009 et  Adolescence Florentine en 2012. Il est également l'auteur de Permettez que ma voix (Contre-Allées en 2011) et L'immobile serti de griffes ( Encres vives en 2008). Il a obtenu le prix Voronca en 2004 pour Elle, le givre paru aux éditions Jacques Brémond.

mercredi 17 juillet 2013

Valérie Rouzeau
A Bazoches du Morvan ,le 6 juillet 2013 pour le festival  Samedi Poésies Dimanche aussi



























(...)  ma ténèbre gratte
A la porte à la lourde
Comme une patte de chien

Un pétale oblique
d'une fleur longue longue
Jusqu'à aujourd'hui

Ma ténèbre grise 
Je la reconnais
Du fond de la pluie
Dedans l'eau des flaques
Mes deux bottes la claquent

Qu'allons nous à la fin 
De l'histoire devenir
Crapaud sans souvenir ?
(...)


Extrait de Ma ténèbre paru en  mai 2012 aux éditions Contre-Allées
Marie Huot
Paris , le 8 juin 2013
















 "Les enfants ont le goût de la forêt
 On renifle leurs cheveux
 Ils font semblant de croire
 Que personne n'a mis de cailloux blancs
 Dans leur poche
 Surtout pas nous"



Extrait de Visite au petit matin aux éditions Al Manar en 2011










Marie Huot a publié de nombreux recueils de poésie aux éditions Le temps qu'il fait: Absenta ( prix Jean Follain en 2002), Chants de l'éolienne ( prix Max Jacob en 2007) et Récits librement inspirés de ma vie d'oiseaux en 2009. Elle a également publié aux éditions Le bruit des autres, Circa 1924 et dernièrement aux éditions du Petit Flou ( Le rêveur de chandelles )

mardi 11 juin 2013

William Cliff
Paris St Sulpice , le 8 juin 2013




" Nous roulâmes en abordant des passerelles encombrées, nous roulâmes non point pour sortir de la zone mais pour aller aux autres terminaux recueillir d'autres passagers qui dans la même humiliation attendaient en file comme nous l'avions fait. Ils durent comme nous payer la somme exacte et comme nous s'introduire dans la boîte avec le même visage livide et la bouche fermée par le même silence atterrant. Enfin, ayant fait le tour de tous les terminaux, notre autobus s'élança dans la bagarre insensée d'une autoroute où, après avoir payé un droit d'entrée, un trafic nombreux et empressé s'écoulait avec une confiance incompréhensible. Comme quoi, quand l'horreur devient routine, on ne s'aperçoit même plus de son horreur."

Extrait de USA 1976 paru en 2010 aux éditions La table ronde

dimanche 9 juin 2013

Maram Al Masri
Maram Al Masri , Paris St Sulpice, le 8 juin 2013




" Ma bouche
est chanson d'Ishtar
et conte de shéhérazade
ma bouche 
est le gémissement silencieux d'une plainte
ma bouche 
est une fontaine coulant de plaisir
le cantique 
du coeur
et de la chair."

Extrait de  "Par la fontaine de ma bouche" paru aux éditions Bruno Doucey en 2011

mardi 4 juin 2013

Dominique Dou
Dominique Dou , le 31 mai 2013
Je n'écris pas encore la nuit
Mais juste avant
Juste devant le moment
Juste où le noir s'enfante
Dans la chambre - oui
Juste dans mon visage enfoui

Choisir alors
Dans le paradigme fou des mots qui pleuvent
Dans la neige
Quelque chose de fragile
Quelque chose de sensible
Quelque chose de fin que je fixe enfin
Juste devant la dentelle de la vitre glacée

Choisir enfin 
Le visage enfoui de Marina Tsvétaeva
Dans la neige des mots qui pleurent
Juste derrière la vitre noire de l'enfance
(Quelque chose tombe)
Glacée sur moi.
Extrait de L'Energie de l'erreur aux éditions Dumerchez en 2007

mercredi 15 mai 2013

dimanche 12 mai 2013

samedi 11 mai 2013

vendredi 10 mai 2013

mercredi 1 mai 2013

lundi 29 avril 2013

vendredi 26 avril 2013

jeudi 25 avril 2013

US pictures one
 
"I have a dream" Martin Luther King , Lincoln Memorial, Washington 1963

vendredi 19 avril 2013

Jacques Ancet
le 18 avril 2013





"On voudrait dire non. Non au froid, aux épines. Non au mensonge, à la routine. A l'indifférence et sa carapace. A cette boue tiède des mots usés. Au sang qui est plus que son nom. Aux tubes, aux poches, au désespoir. A la fenêtre ouverte sur le vide. A tout ce qui tombe-les bras, la tête, les jours. Non à la mort tapie sous chaque objet, comme un insecte obscur et qui travaille. On voudrait. Mais le chêne heurte le ciel. La parole est dure, les dents luisent, la lumière brûle, les yeux tissent l'espace. On croit sortir, mais on entre. on voudrait dire non et on dit oui."


Extrait de Les travaux de l'infime éditions Eres 2012

jeudi 11 avril 2013

Sarah



"Il neige
Quelque divinité suprême
Voudrait son capuchon 
 De neige
A l'embouchure
Où nous n'irons plus jamais


Rien n'aura jamais 
Fait la peine que tu nous fais (...)"

                                JL Murat