lundi 23 janvier 2017

Laurence Vilaine
Librairie les Parchemins à St Florent le vieil le 19 janvier 2017




















" Ce n'était pas grave de pas savoir.
On aurait pu ensemble pousser le fauteuil et laisser toujours la vitrine ouverte, déployer sur nos genoux tous les volumes, les vingt-et-un et même l'index, sortir la loupe de sa grosse boîte et suivre le contour des cartes, se raconter l'Histoire et remonter les fleuves, faire se rejoindre les mers. On aurait mine de rien approché de nous le savoir, ou le savoir serait venu à nous - il suffisait juste de se tenir l'échelle, de grimper trois ou quatre barreaux, de regarder par-dessus le mur à quoi ressemblaient le monde, le ciel et ses nuages quand ils deviennent moutons, chevaux ou dinosaures, ou dans le creux d'une pierre, la coquille molle du tout petit escargot.
Ce n'était pas grave.
On aurait pu jeter les bidons vides, pousser les vieux vélos, apprivoiser le monde tout simplement, plutôt que la crainte de ne pas être à la hauteur - à la hauteur de quoi, à la hauteur de qui ? De quoi avais-tu peur ?"

                      Extrait de La Grande Villa ( page 51) paru en 2016 aux éditions Gaïa 

Laurence Vilaine est née en 1965 et vit à Nantes. Elle est également l'auteure de Le silence ne sera qu'un souvenir en 2011 aux mêmes éditions Gaïa ( réédité chez Babel en format de poche)





mardi 10 janvier 2017

Petites histoires photographiques (5)
Washington 2013


Elle replace au mieux son chapeau délicieux, me donne une série d’images, joue avec le photographe.
 Son sac en plastique posé près d’elle déborde de ses pauvres vêtements entassés pêle-mêle. C’est une princesse.
Pas besoin d’une longue conversation pour comprendre qu’elle a eu son heure de gloire.
 La rue n’a rien éteint de sa lumière. Pourtant une grande mélancolie émane d’elle.
 Au Caire aussi j’ai connu des princes déchus.



















dimanche 8 janvier 2017

Petites histoires photographiques (4)
New York 2014



















 On ne voit pas l'East River, ni le pont de Manhattan, ni celui de Brooklyn si proche.
 L'enfant qui slalome entre les arbres fragiles échappe à sa mère, comme ces petits   écureuils des jardins américains, malicieux et rieurs.
 Les blocs de Chinatown lui font un décor de théâtre.
 New York disparaît dans l'image.
En plan caché , de lointaines contrées orientales .
   

samedi 7 janvier 2017

Petites histoires photographiques (3)
New York 2013



















Cette voix , ce rire…

Où les ai-je déjà entendus ?
Cet éclat de voix qui porte loin.
Peut-être jusqu’au marché aux poissons d’ Houmt Souk à Djerba, 
« cétaki, cétaki ?» …
Une voisine par-dessus la haie du jardin de ma grand-mère ?
On est à Chinatown oui.
Mais la déflagration d’un rire, jusqu’où peut-on l’entendre ?
Dans quel effondrement de nous-même une image peut-elle nous conduire ?


Petites histoires photographiques ( 2)
Washington 2013




















Bien-sûr, c’est son chapeau et puis ce visage buriné…

 Je demande si je peux, il me dit oui, pose sans poser, sans que rien ne bouge sur son visage, comme déjà pelliculé.

Je photographie très près de lui,
puis lui montre l’image sur l’ écran du boîtier…

 Son petit sourire me remercie, mi ironique mi satisfait.

C’est une fin de journée à Franklin Square, le photographe est passé…