mardi 22 mai 2012


























         Dans une petite épicerie, on a acheté ensemble une carte postale puis on s'est installé sur un coin de table près du port. Il m'avait parlé de cette fille en France à D. Son écriture est fragile, indécise et tremblotante comme celle d'un enfant. Il veut que je lise tout ce qu'il a écrit. Puis , nous remontons les premières ruelles de la médina au-dessus du port. Nous croisons Ouali qui me donne son regard noyé sur le fond sale , orangé d'un café de la rue Ahardan. Près du Socco chico, nous croisons d'autres migrants africains , sénégalais, maliens et guinéens. Je refais quelques photos devant une petite mosquée de la rue Es Siaghin. Son visage est lumineux puis tellement sombre que nous décidons de remonter encore la médina jusqu'au Grand Socco dans la clarté de la ville européenne.
         Là , sur un banc , il me parle de sa "mama" à Dakar , de la survie , de ses frères et soeurs plus jeunes et dont il se sent responsable, de son père disparu dans les méandres de la vie.Il doit faire vivre sa famille, penser à cela en premier. Nous parlons de la nécessité de rester debout et d'avoir pour soi sa dignité.
        De cette fille en France, il n'espère rien . Pas d'argent , pas de combines. Il voudrait me montrer une photo d'elle . Ils ne se sont jamais vus. Il me dit qu'il est très amoureux .
        Sur notre banc , je fais d'autres images. Shams a retrouvé son sourire. Une invraisemblable lumière irradie son visage. Il est sûr qu'il trouvera quelque chose. Sa beauté me saisit. On s'enlace un instant avant qu'il ne traverse la place inondée de monde.
        "N'oublie pas de poster la carte , Monsieur Michel" ! Je promets. En arabe , Shams signifie soleil .                                                                                                                                                 MD
                                                                                                              Tanger,  le 13 avril 2012

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