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Le chanteur-poète Jean Louis Bergère se produisait le 15 décembre 2012 à Avrillé à l'occasion de la sortie de son album "Demain, de jours de nuits" |
lundi 17 décembre 2012
samedi 15 décembre 2012
mercredi 5 décembre 2012
Marie Hélène Lafon
"La nuit ne tombe pas, elle monte.
Grosse de vents sombres qui ont roulé sur des étendues de pays sans nom, elle mugit longuement et son mufle mouillé s'écrase contre les murs des maisons où les humains tapis se tiennent chaud dans le rond jaune des lampes ou au bord de la télévision.
Les petits des hommes la craignent, leurs corps tendres et neufs se refusent à sa morsure d'ogresse. Les lumières des villes orgueilleuses la trouent et voudraient triompher d'elle, la pousser dans ses retranchements ultimes, l'acculer au plus intime de ses replis oubliés, mais ça résiste, quelque chose demeure et s'obstine qui coule dans le sang des bêtes et des gens et frémit sous leur peau.(...)"
Extrait de Album paru aux éditions Buchet Chastel en octobre 2012
Marie Hélène Lafon est née en 1962 à Aurillac. Elle vit et travaille aujourd'hui à Paris mais son oeuvre littéraire la renvoie inévitablement vers son Cantal d'origine. Elle est l'auteure de nombreux romans et récits dont Sur la photo ( 2001), Organes (2005), les derniers indiens ( 2007) et L'annonce (2009) tous parus aux éditions Buchet Chastel. En 2012, Marie Hélène Lafon a publié un roman Au Pays et l'inclassable abécédaire Album toujours chez son fidèle éditeur Buchet Chastel.
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La romancière Marie Hélène Lafon était hier l'invitée de la librairie Contact à Angers |
"La nuit ne tombe pas, elle monte.
Grosse de vents sombres qui ont roulé sur des étendues de pays sans nom, elle mugit longuement et son mufle mouillé s'écrase contre les murs des maisons où les humains tapis se tiennent chaud dans le rond jaune des lampes ou au bord de la télévision.
Les petits des hommes la craignent, leurs corps tendres et neufs se refusent à sa morsure d'ogresse. Les lumières des villes orgueilleuses la trouent et voudraient triompher d'elle, la pousser dans ses retranchements ultimes, l'acculer au plus intime de ses replis oubliés, mais ça résiste, quelque chose demeure et s'obstine qui coule dans le sang des bêtes et des gens et frémit sous leur peau.(...)"
Extrait de Album paru aux éditions Buchet Chastel en octobre 2012
Marie Hélène Lafon est née en 1962 à Aurillac. Elle vit et travaille aujourd'hui à Paris mais son oeuvre littéraire la renvoie inévitablement vers son Cantal d'origine. Elle est l'auteure de nombreux romans et récits dont Sur la photo ( 2001), Organes (2005), les derniers indiens ( 2007) et L'annonce (2009) tous parus aux éditions Buchet Chastel. En 2012, Marie Hélène Lafon a publié un roman Au Pays et l'inclassable abécédaire Album toujours chez son fidèle éditeur Buchet Chastel.
dimanche 25 novembre 2012
Joël Glaziou
" Sûr, ce jour-là serait un grand jour pour Jesùs. C'est du moins ce que disaient Mémé et Pépé qui avaient la charge de son éducation.Une croix était tracée sur le calendrier. Maria avait choisi ce dimanche d'août, et Jesus ferait sa première communion dans l'église où il avait été baptisé. Or de son côté José avait prévu d'initier Jesùs à la tauromachie et de lui offrir sa première corrida. La corrida dominicale qui clôture la feria annuelle... Jesùs était né le jeudi de l'ascencion.
"Un bon présage" avait dit sa Mémé Maria.
- Surtout sous le signe solaire du taureau ascendant taureau précisait Pépé José.
Maria avait choisi le prénom de Jesùs. Pépé avait dû plier devant sa volonté alors qu'il aurait préféré Joselito".(...)
Extrait (Incipit) de Ce fut une messe en forme de corrida paru en 2012 aux éditions Luce Wilquin
Joël Glaziou vit à Angers où il anime la revue Harfang consacrée à la nouvelle. Il collabore également à l'association du Chant des mots où il a en charge l'invitation et la présentation des nouvellistes. Il est l'auteur de plusieurs recueils de nouvelles et récits: Où le fleuve écrit l'histoire et Sous la plage...la vie chez Siloé en 1997 et 2005, La vie à l'envers aux éditions La Renarde Rouge en 2003 et L'Alphabet du passeur aux éditions D'un Noir Si Bleu en 2008. Professeur de philosophie, il se définit lui-même comme un passeur.
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Joël Glaziou présentait jeudi soir à la SADEL d'Angers son nouveau roman. |
"Un bon présage" avait dit sa Mémé Maria.
- Surtout sous le signe solaire du taureau ascendant taureau précisait Pépé José.
Maria avait choisi le prénom de Jesùs. Pépé avait dû plier devant sa volonté alors qu'il aurait préféré Joselito".(...)
Extrait (Incipit) de Ce fut une messe en forme de corrida paru en 2012 aux éditions Luce Wilquin
Joël Glaziou vit à Angers où il anime la revue Harfang consacrée à la nouvelle. Il collabore également à l'association du Chant des mots où il a en charge l'invitation et la présentation des nouvellistes. Il est l'auteur de plusieurs recueils de nouvelles et récits: Où le fleuve écrit l'histoire et Sous la plage...la vie chez Siloé en 1997 et 2005, La vie à l'envers aux éditions La Renarde Rouge en 2003 et L'Alphabet du passeur aux éditions D'un Noir Si Bleu en 2008. Professeur de philosophie, il se définit lui-même comme un passeur.
dimanche 18 novembre 2012
Valérie Rouzeau à Angers
Négatif je ne sais pas photographier non
je devrais peut-être m'offrir un téléphone
Il neige et je regarde tomber la neige
D'un oeil ni argentique un oeil ni numérique
Nul désir de mettre en boîte je n'ai
Une telle magie mouvante nul arrêt sur l'image
Ne ferait voir ma neige sa féerie son appel
Même si ici c'est encore un cliché que j'écris
Magie féerie quelques syllabes pauvres flocons
Si encore je les attrapais en tourbillon
De joie vrouz avant que mon coeur fond
Comme un renard un hibou une hermine
Beaux animaux variables de l'été à l'hiver
De l'hiver à l'été mes bêtes imprenables
Extrait de Vrouz paru en mars 2012 aux éditions La Table Ronde
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Valérie Rouzeau à La Collégiale St Martin ce dimanche 18 Novembre |
je devrais peut-être m'offrir un téléphone
Il neige et je regarde tomber la neige
D'un oeil ni argentique un oeil ni numérique
Nul désir de mettre en boîte je n'ai
Une telle magie mouvante nul arrêt sur l'image
Ne ferait voir ma neige sa féerie son appel
Même si ici c'est encore un cliché que j'écris
Magie féerie quelques syllabes pauvres flocons
Si encore je les attrapais en tourbillon
De joie vrouz avant que mon coeur fond
Comme un renard un hibou une hermine
Beaux animaux variables de l'été à l'hiver
De l'hiver à l'été mes bêtes imprenables
Extrait de Vrouz paru en mars 2012 aux éditions La Table Ronde
lundi 5 novembre 2012
dimanche 4 novembre 2012
vendredi 2 novembre 2012
La Hague (2)
(...) "Compte sur tes doigts
Et retiens les pas, les nuits et les lunes
Nous n'aurons, je crois, pas le temps d'y revenir.
Au coeur de l'arbre de vie
Ecarte bien les branches
Au-dessus du vide
Y sens-tu toujours passer au travers
Ce souffle d'air ?
C'est un jour sans fin, ce dimanche ,
Les enfants se baignent au lac
Je les voie déjà comme ils vivront
Après nous, ici."
Jean Louis Bergère
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Port Racine , 30 octobre 2012 |
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Bricquebosq , le 29 octobre 2012, un jour sans fin. |
(...) "Compte sur tes doigts
Et retiens les pas, les nuits et les lunes
Nous n'aurons, je crois, pas le temps d'y revenir.
Au coeur de l'arbre de vie
Ecarte bien les branches
Au-dessus du vide
Y sens-tu toujours passer au travers
Ce souffle d'air ?
C'est un jour sans fin, ce dimanche ,
Les enfants se baignent au lac
Je les voie déjà comme ils vivront
Après nous, ici."
Jean Louis Bergère
dimanche 28 octobre 2012
samedi 27 octobre 2012
Ouessant
"De la cuisine on voit la teneur de la mer prête à entrer par les fenêtres pour envahir le petit déjeuner.On est là de plein pied avec l'intense émanation dont nous séparent tout juste la garde des rochers, la résistance de l'herbe et quelques ouvrages de béton(...)"
Alexis Gloaguen
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Ile d'Ouessant , août 2007 |
Alexis Gloaguen
vendredi 26 octobre 2012
Alexis Gloaguen
" Au retour de leurs navigations, beaucoup d'hommes vivaient un Ouessant intérieur. Ou plutôt ils habitaient une lisière d'île, le regard orienté vers des rives antérieures. Loin d'être ancrés sur la terre, ils vivaient leurs retraites dans le pays des rêves. Ce qu'ils avaient vu sur les Océans, ils ne pouvaient guère le partager. Leur amoureuse étant la mer, ils n'avaient pas de territoire. Alors, ils gardaient ce regard particulier, moins absent que dénué de point focal. Une manière de baisser les yeux devant les harcèlements du présent... Et ils pratiquaient la nature du silence.(...)"
Extrait de La chambre de veille paru en 2012 aux éditions Maurice Nadeau
Alexis Gloaguen est né en 1950 dans le Finistère au Pays Bigouden. Il a passé son enfance en Nouvelle Calédonie. Il enseigne la philosophie et voyage: Cornouailles, Ecosse et St Pierre et Miquelon où il vit pendant dix-huit ans. Ses voyages au Canada et aux Etats-Unis ont inspiré Les veuves de verre ( (Editions Nadeau en 2010). Son séjour à Ouessant à la fin de 2010 et la parution de La chambre de veille coïncident avec son retour en France. Il vit aujourd'hui en Centre-Bretagne.
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Alexis Gloaguen à Angers le 25 octobre 2012 |
" Au retour de leurs navigations, beaucoup d'hommes vivaient un Ouessant intérieur. Ou plutôt ils habitaient une lisière d'île, le regard orienté vers des rives antérieures. Loin d'être ancrés sur la terre, ils vivaient leurs retraites dans le pays des rêves. Ce qu'ils avaient vu sur les Océans, ils ne pouvaient guère le partager. Leur amoureuse étant la mer, ils n'avaient pas de territoire. Alors, ils gardaient ce regard particulier, moins absent que dénué de point focal. Une manière de baisser les yeux devant les harcèlements du présent... Et ils pratiquaient la nature du silence.(...)"
Extrait de La chambre de veille paru en 2012 aux éditions Maurice Nadeau
Alexis Gloaguen est né en 1950 dans le Finistère au Pays Bigouden. Il a passé son enfance en Nouvelle Calédonie. Il enseigne la philosophie et voyage: Cornouailles, Ecosse et St Pierre et Miquelon où il vit pendant dix-huit ans. Ses voyages au Canada et aux Etats-Unis ont inspiré Les veuves de verre ( (Editions Nadeau en 2010). Son séjour à Ouessant à la fin de 2010 et la parution de La chambre de veille coïncident avec son retour en France. Il vit aujourd'hui en Centre-Bretagne.
dimanche 21 octobre 2012
Frédérique Germanaud

Frédérique Germanaud lors de sa séance de signatures à la Librairie Contact à Angers ce samedi.
"( ...) Elle choisit le matin suivant le sentier abrité, celui qui ne permet pas de voir loin. Elle sait bien que même de la digue il serait impossible d'apercevoir le corps. Mais sait aussi qu'il lui serait impossible de s'empêcher de fouiller le paysage à sa recherche. Alors elle marche sur le sentier caché, un peu vite quand même. Elle pense qu'elle n' aurait pas dû laisser faire le hasard. Des lapins culs blancs détalent devant son pas pressé. Elle passe la maison de l' écossais et le garage à bateaux.(...)
Extrait de L'homme de sel paru en 2010 aux éditions D'un noir si bleu.

Frédérique Germanaud lors de sa séance de signatures à la Librairie Contact à Angers ce samedi.
"( ...) Elle choisit le matin suivant le sentier abrité, celui qui ne permet pas de voir loin. Elle sait bien que même de la digue il serait impossible d'apercevoir le corps. Mais sait aussi qu'il lui serait impossible de s'empêcher de fouiller le paysage à sa recherche. Alors elle marche sur le sentier caché, un peu vite quand même. Elle pense qu'elle n' aurait pas dû laisser faire le hasard. Des lapins culs blancs détalent devant son pas pressé. Elle passe la maison de l' écossais et le garage à bateaux.(...)
Extrait de L'homme de sel paru en 2010 aux éditions D'un noir si bleu.
dimanche 14 octobre 2012
Valerie Rouzeau, prix Apollinaire 2012!
"Sur la carte rouge à l'oeil bleu
De la bien bonne SNCF
Il est inscrit grand voyageur
Or je suis petite casanière
J'ai la semelle et le coeur lourds
Je me vois mal voler en Chine
Encore moins faire le tour du monde
Quand même mon esprit est ouvert
Que j'ai bu du Porto à Londres
Et beaucoup trinqué dans la lune
Que j'aime le vent comme un frère
Que je crois aux petits hommes verts
Comme à la fête à la grenouille
Je ne rêve loin que dans mon plume."
Extrait de Vrouz aux éditions de La table Ronde en 2012
Valérie Rouzeau, née en 1967 dans le Cher, est une des voix majeurs de la poésie contemporaine française. Son recueil"Pas revoir" édité au Dé bleu en 1999 a connu un succès retentissant ( tiré à plus de 10000 exemplaires). Valérie Rouzeau a également publié " Va où" ( 2002) ,"Récipients d'air"(2005) et "Quand je me deux" (2009)aux éditions Le temps qu'il fait. En 2012, elle publie Vrouz à La table ronde et "Ma ténèbre" aux éditions Contre-Allée. Elle est également la traductrice de Sylvia Plath, Ted Hughes et William Carlos Williams.
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Valérie Rouzeau vient d'obtenir le prix Apollinaire pour son dernier recueil "Vrouz" paru aux éditions de La table Ronde |
"Sur la carte rouge à l'oeil bleu
De la bien bonne SNCF
Il est inscrit grand voyageur
Or je suis petite casanière
J'ai la semelle et le coeur lourds
Je me vois mal voler en Chine
Encore moins faire le tour du monde
Quand même mon esprit est ouvert
Que j'ai bu du Porto à Londres
Et beaucoup trinqué dans la lune
Que j'aime le vent comme un frère
Que je crois aux petits hommes verts
Comme à la fête à la grenouille
Je ne rêve loin que dans mon plume."
Extrait de Vrouz aux éditions de La table Ronde en 2012
Valérie Rouzeau, née en 1967 dans le Cher, est une des voix majeurs de la poésie contemporaine française. Son recueil"Pas revoir" édité au Dé bleu en 1999 a connu un succès retentissant ( tiré à plus de 10000 exemplaires). Valérie Rouzeau a également publié " Va où" ( 2002) ,"Récipients d'air"(2005) et "Quand je me deux" (2009)aux éditions Le temps qu'il fait. En 2012, elle publie Vrouz à La table ronde et "Ma ténèbre" aux éditions Contre-Allée. Elle est également la traductrice de Sylvia Plath, Ted Hughes et William Carlos Williams.
vendredi 21 septembre 2012
Cathie Barreau
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A Saumur aux côtés de Caroline Sagot-Duvauroux. |
" Ses yeux n'étaient pas clos. Ils étaient d'un bleu très pâle, éteints comme une pierre une aigue-marine abandonnée.Ses paupières restaient immobiles et son sourire s'attachait à sa bouche, ses pommettes , son front. Le contact de ses mains fut si sensible que le souvenir ne me quitta pas".(...)
Extrait de Ecoute s'il neige paru aux éditions Laurence Teper en 2009
Cathy Barreau est née en Vendée en 1957. Elle a crée L'atelier du manège en 1994 puis La Maison Gueffier à La Roche sur Yon. Elle dirige aujourd'hui La Maison Julien Gracq à St Florent le vieil ( 49). Elle est l'auteure de nombreux livres dont Trois jardins ( en 2006) , Journal secret de Natalia Gontcharova et Visite aux vivants (2007) chez Laurence Teper.
mardi 18 septembre 2012
Frédérique Germanaud
"Où commence le désert? Aux remparts de Bou Noura? Au-delà de la palmeraie? Cette vérité des frontières qui fait ici défaut révèle une imprécision difficilement acceptable et me renvoie à l'absence de limite claire entre santé et maladie. A quel degré de souffrance peut-on se déclarer malade? A quel degré de solitude?" (...)
Extrait de La chambre d'écho , récit paru en 2012 aux Editions L'Escampette
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"Où commence le désert? Aux remparts de Bou Noura? Au-delà de la palmeraie? Cette vérité des frontières qui fait ici défaut révèle une imprécision difficilement acceptable et me renvoie à l'absence de limite claire entre santé et maladie. A quel degré de souffrance peut-on se déclarer malade? A quel degré de solitude?" (...)
Extrait de La chambre d'écho , récit paru en 2012 aux Editions L'Escampette
dimanche 16 septembre 2012
Antoine Emaz
ça passe
dans la pluie et le gris
quelle résonance confuse
s'obstine
dans ce froissement
d'air et d'eau
sans mots
un pan de passé
tire en arrière
un épais vent d'eau
aussi lourd que ce temps
on n'en sort pas
ça passe et chacun terre
ses morts vite ses rêves
chacun dedans pèse
son poids de figures vite
vues perdues
on longe
reste du temps devant
mais on change mal de route
avec cette gène
ce sac
il faut trop de temps de mots
pour vraiment voir et
se repérer un peu
en attendant
ce qui gagne sur nous
prend visage
comme une figure de rien
et cela n'émeut pas
mais colle au sol
atterre. " Peu importe", extrait de Sauf aux éditions Tarabuste en 2011
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Antoine Emaz à Saumur le 9 septembre dernier |
ça passe
dans la pluie et le gris
quelle résonance confuse
s'obstine
dans ce froissement
d'air et d'eau
sans mots
un pan de passé
tire en arrière
un épais vent d'eau
aussi lourd que ce temps
on n'en sort pas
ça passe et chacun terre
ses morts vite ses rêves
chacun dedans pèse
son poids de figures vite
vues perdues
on longe
reste du temps devant
mais on change mal de route
avec cette gène
ce sac
il faut trop de temps de mots
pour vraiment voir et
se repérer un peu
en attendant
ce qui gagne sur nous
prend visage
comme une figure de rien
et cela n'émeut pas
mais colle au sol
atterre. " Peu importe", extrait de Sauf aux éditions Tarabuste en 2011
mercredi 12 septembre 2012
Caroline Sagot Duvauroux
" Je viens des autres. Je ne t'ai rien dit. Les langues s'excoriaient à laper le désastre. Les oiseaux sont aussi parfois là-bas mais jamais pigeon vole. Tout est creuset pourtant, bon sang la bile noire, la gouge donne moi! Voilà le poème.
Qui de nous deux avait dit: attends j'ai une course à faire?
Et fut course de vivre et d'allure traquenarde quand le vent ne vint pas. Soleil sous vent d'ouest, c'est ça? Un pied sur le talus l'autre sur la chaussée, sauter le fossé. Boiter fait la cadence. La jambe parle à l'autre. On dit, c'est penser. Myéline manque un peu. Revoilà le fossé. Chance, on a passé le rift. Chausser le front. Je vais te raconter les nuits et les coquelicots, les pas.
Je vais ne pas reconnaître. (...)"
Extrait de Vol-ce-l'est paru en 2004 aux éditions José Corti
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A Saumur le 8 septembre 2012 |
" Je viens des autres. Je ne t'ai rien dit. Les langues s'excoriaient à laper le désastre. Les oiseaux sont aussi parfois là-bas mais jamais pigeon vole. Tout est creuset pourtant, bon sang la bile noire, la gouge donne moi! Voilà le poème.
Qui de nous deux avait dit: attends j'ai une course à faire?
Et fut course de vivre et d'allure traquenarde quand le vent ne vint pas. Soleil sous vent d'ouest, c'est ça? Un pied sur le talus l'autre sur la chaussée, sauter le fossé. Boiter fait la cadence. La jambe parle à l'autre. On dit, c'est penser. Myéline manque un peu. Revoilà le fossé. Chance, on a passé le rift. Chausser le front. Je vais te raconter les nuits et les coquelicots, les pas.
Je vais ne pas reconnaître. (...)"
Extrait de Vol-ce-l'est paru en 2004 aux éditions José Corti
lundi 10 septembre 2012
Gérard Titus-Carmel
Extrait de Ici, rien n'est présent aux éditions Champ Vallon paru en 2004
Immense peintre , graveur et dessinateur , Gérard Titus-Carmel est né à Paris en 1942. Il a illustré bon nombre d'ouvrages de poètes et d'écrivains et a publié à ce jour une trentaine de livres, essais sur l'art et recueils de poésie. Il vit et travaille à Oulchy le Château dans l'Aisne. Près de deux cents expositions personnelles lui ont été consacrées à travers le monde.
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A Saumur, le 9 septembre lors d'une rencontre avec Antoine Emaz autour du livre d'artiste |
"Je laisse ma main pendre dans ce vide
je ne saisis rien de ce tumulte
chaque fois ma mort l'emporte
sur le feu orangé des capucines
qui m'incendia la vue
certain jour de rouille (...)"Extrait de Ici, rien n'est présent aux éditions Champ Vallon paru en 2004
Immense peintre , graveur et dessinateur , Gérard Titus-Carmel est né à Paris en 1942. Il a illustré bon nombre d'ouvrages de poètes et d'écrivains et a publié à ce jour une trentaine de livres, essais sur l'art et recueils de poésie. Il vit et travaille à Oulchy le Château dans l'Aisne. Près de deux cents expositions personnelles lui ont été consacrées à travers le monde.
jeudi 23 août 2012
Trilogie
Cette photographie me parle d'une autre vie , d'un autre temps comme surgi de l' album d'une ancienne famille , la mienne et pourtant étrangère.
La diagonale est souriante. Dans cette ville-douleur l'image est paisible.
Un homme avec son fils ( peut-être portent-ils le même prénom?), la mère se tient en retrait dans un effacement bienveillant ...
Je ne sais plus ce qui a déclenché cette image, qui me l'a donnée... j'ai le souvenir d'un moment heureux, très bref mais plein .
Je suis le photographe, j''aurais pu aussi être l'oncle ou le cousin.
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Tanger, le 7 avril à 17h 52 en haut d'un escalier au-dessus de la rue du Portugal |
Cette photographie me parle d'une autre vie , d'un autre temps comme surgi de l' album d'une ancienne famille , la mienne et pourtant étrangère.
La diagonale est souriante. Dans cette ville-douleur l'image est paisible.
Un homme avec son fils ( peut-être portent-ils le même prénom?), la mère se tient en retrait dans un effacement bienveillant ...
Je ne sais plus ce qui a déclenché cette image, qui me l'a donnée... j'ai le souvenir d'un moment heureux, très bref mais plein .
Je suis le photographe, j''aurais pu aussi être l'oncle ou le cousin.
samedi 7 juillet 2012
samedi 30 juin 2012
Rochefort sur Loire, marché de la poésie
Extrait de Décombres
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Manifestation contre le temps qui passe par la compagnie Skakkja, le samedi 30 juin 2012 |
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Edith Azam, poète en résidence 2012 |
"Il faut que l'on reparte, que l'on s'en aille: à nouveau. Y a pas à hésiter, il faut partir: puisqu'on s'en va. C'est inévitable, évident. La vie n'est pas une histoire. Douloureux? Pourquoi? Pourquoi veux-tu que ça me fasse quelque chose? Il faut que l'on reparte et ensuite, on verra. On verra à la fin. A la fin, lorsque tout sera refermé.
Lorsqu'on sera dans le silence, à la fin on verra. Là, on est pas capable. Partons dès tout de suite dès sur le champ dès maintenant partons (...)"
Extrait de Décombres
lundi 25 juin 2012
samedi 23 juin 2012
Amandine Marembert
( extrait de Bouches cousues qui vient de paraître dans l'anthologie Triages/Tarabuste)
Amandine Marembert, née à Clermont-Ferrand en 1977 , vit à Montluçon où elle anime la revue et les Editions Contre-allées. Elle a publié de nombreux recueils de poésie , notamment Il pleut dans la chambre cette nuit ( Polder en 2006) Un petit garçon un peu silencieux ( 2011 chez Al Manar ) L'ombre des arbres diminue à certaines heures du jour ( Wigwam en 2008)
"Les lèvres remuent des mots pas prononcés
recouverts par le bruissement des feuillages sur la tonnelle
quoi faire des peaux rapprochées par les tissus
décalquant un moment leurs nervures
comment emmagasiner la chaleur confondue des corps
la rendre à une parole
que lire dans les lignes noires des yeux qui s'ancrent trop
souligner le regard de la bordure des cils n'arrange rien au mystère qui suit les volutes de fumée
le vert du jardin dans l'odeur du tabac
les bras touchés un peu selon la courbe d'allées herbues
quoi dire de ces contacts silencieux hormis les penser en prolongements des conversations
rester avec eux dans le noir des heures avancées
un obscur trouble qui s'obstine longtemps après"
( extrait de Bouches cousues qui vient de paraître dans l'anthologie Triages/Tarabuste)
Amandine Marembert, née à Clermont-Ferrand en 1977 , vit à Montluçon où elle anime la revue et les Editions Contre-allées. Elle a publié de nombreux recueils de poésie , notamment Il pleut dans la chambre cette nuit ( Polder en 2006) Un petit garçon un peu silencieux ( 2011 chez Al Manar ) L'ombre des arbres diminue à certaines heures du jour ( Wigwam en 2008)
jeudi 21 juin 2012
Fabien Sanchez
Sous le tilleul , extrait du recueil "J'ai glissé sur le monde avec effort" aux éditions La Dragonne.
Fabien Sanchez est né en 1972 à Montpellier, et vit à Paris. Il a publié deux recueils de nouvelles " Chérie, nous allons gagné ce soir "en 2006 et "Ceux qui ne sont pas en mer" en 2009 aux éditions de La Dragonne. Son dernier ouvrage , un recueil de poésie "J'ai glissé sur le monde avec effort" est paru en mars 2012 chez le même éditeur.
"Assis sous le tilleul avec mon père,
nous lisons.
Je souligne une phrase de Pablo Neruda,
J'arracherai de mon coeur le capitaine de l'enfer.
J'aime souligner des phrases,
et lire auprès de mon vieux père.
Je rêvasse à ses côtés, me prélasse
au soleil d'automne.
Pieds nus dans le jardin
auprès de lui qui pose sur moi
un regard adouci,
bienveillant,
un regard qui me dit d'être heureux.
De préférer l'encre
au sang."
Sous le tilleul , extrait du recueil "J'ai glissé sur le monde avec effort" aux éditions La Dragonne.
Fabien Sanchez est né en 1972 à Montpellier, et vit à Paris. Il a publié deux recueils de nouvelles " Chérie, nous allons gagné ce soir "en 2006 et "Ceux qui ne sont pas en mer" en 2009 aux éditions de La Dragonne. Son dernier ouvrage , un recueil de poésie "J'ai glissé sur le monde avec effort" est paru en mars 2012 chez le même éditeur.
lundi 18 juin 2012
Myriam Montoya
Fleur de refus, éditions des Forges/éditions Phi 2009
Traduit de l'espagnol( Colombie) par Stéphane Chaumet
Myriam Montoya née en 1963 à Bello en Colombie et vit en France depuis 1994. Elle est l'auteure d'une demi-douzaine de recueils de poésie , notamment aux éditions des Forges. Elle vient de publier fin 2011 un premier roman La fuite aux éditions de La Dragonne.
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Paris , le 16 juin 2012 |
Je reviens au jardin de l'enfance
Au sexe des fleurs
A leurs cavités leurs filaments
Aux secrets du dedans
Que nous avons explorés
La persécution d'une lune
trop pleine
assiégeait nos pas
Dans la corolle abrupte de la fleur
démesuré l'oeil
capte le vertige
Je reviens à la fleur impudique
A son clignement de papillon
Au sucre liquide de son épaule
A son cadavre de tulle
De danseuse épuisée
Je reviens au rut de la fleur
Au frémissement de la guêpe
Au venin qu'elle injecte
dans le verrou de mon sang
Fleur de refus, éditions des Forges/éditions Phi 2009
Traduit de l'espagnol( Colombie) par Stéphane Chaumet
Myriam Montoya née en 1963 à Bello en Colombie et vit en France depuis 1994. Elle est l'auteure d'une demi-douzaine de recueils de poésie , notamment aux éditions des Forges. Elle vient de publier fin 2011 un premier roman La fuite aux éditions de La Dragonne.
dimanche 17 juin 2012
mardi 22 mai 2012
Dans une petite épicerie, on a acheté ensemble une carte postale puis on s'est installé sur un coin de table près du port. Il m'avait parlé de cette fille en France à D. Son écriture est fragile, indécise et tremblotante comme celle d'un enfant. Il veut que je lise tout ce qu'il a écrit. Puis , nous remontons les premières ruelles de la médina au-dessus du port. Nous croisons Ouali qui me donne son regard noyé sur le fond sale , orangé d'un café de la rue Ahardan. Près du Socco chico, nous croisons d'autres migrants africains , sénégalais, maliens et guinéens. Je refais quelques photos devant une petite mosquée de la rue Es Siaghin. Son visage est lumineux puis tellement sombre que nous décidons de remonter encore la médina jusqu'au Grand Socco dans la clarté de la ville européenne.
Là , sur un banc , il me parle de sa "mama" à Dakar , de la survie , de ses frères et soeurs plus jeunes et dont il se sent responsable, de son père disparu dans les méandres de la vie.Il doit faire vivre sa famille, penser à cela en premier. Nous parlons de la nécessité de rester debout et d'avoir pour soi sa dignité.
De cette fille en France, il n'espère rien . Pas d'argent , pas de combines. Il voudrait me montrer une photo d'elle . Ils ne se sont jamais vus. Il me dit qu'il est très amoureux .
Sur notre banc , je fais d'autres images. Shams a retrouvé son sourire. Une invraisemblable lumière irradie son visage. Il est sûr qu'il trouvera quelque chose. Sa beauté me saisit. On s'enlace un instant avant qu'il ne traverse la place inondée de monde.
"N'oublie pas de poster la carte , Monsieur Michel" ! Je promets. En arabe , Shams signifie soleil . MD
Tanger, le 13 avril 2012
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